lundi 29 octobre 2012

Nanatomie



On m’a enlevé ma chérie
Depuis le temps qu’elle me faisait mal
Un beau a fait d’la chirurgie
Me v’là tout seul à l’hôpital

Convalescent paraît-il
D’une maladie subtile
La gangrène avait pris
A coups de bits, souris

Au début aucun signe clinique
X au lit pas aux rayons
Lingerie fine au bout de trois saisons
Contracté l’amourexie chronique

Au fil des connexions
Je maigrissais, plus d’appétit
Pour les conversations
Sans rapports d’échographie

J’ai traité à l’aspirine
Pour bloquer les endocrines
Mais des corps étrangers
L’ont approchée

Rattrapé par une crise
D’angoisse aux urgences
L’amputation se précise
Comme unique sentence

On m’a enlevé ma chérie
Depuis le temps qu’elle me faisait mal
Un beau a fait d’la chirurgie
Me v’là tout seul à l’hôpital

Je voulais garder le squelette
de notre relation l’on sature
Risquer la fracture ouverte
Eviter les points de suture

Y’avait trop de colle dans les vaisseaux
Pontage, nanatomie placebo (pontage à coups de coraux mais tu n’as rien)
Elle part avec un bulldog
Déguisé en cardiologue

Extra balle



Tu es mon extra balle, extra balle
Same player shoot again
Trouver l’équilibre, faut pas faire tilter

Sans le vouloir j’ai percuté le champignon magique
Tu es projetée contre mes pinces mes pensées
Te garder dans le creux de la fourchette

Mais les extra balles on les garde jamais
Y’en a toujours une qui se fait la malle
Qui file entre les pattes
De caoutchouc
Directement dans le trou
Noire mémoire cannibale

Le livre d'hommes



Accumulés dans la cave,
Forêt d’Arbois de mon cerveau
J’en prends un et je le débouche
Le fait couler dans ma bouche
Le consomme sans modération
Son odeur sa couleur et son parfum
M’envahissent, coulent mes pores
Glissent un par un puis s’évaporent
Et il m’emmène dans sa caisse…
Comme un génie ou une syrah
Est-il léger ou bien gras ?
Citron oranger ou grenat ?
En relisant mon carnet je me souviens
de chaque instant de chaque arôme

Dans mon livre d’hommes
Chaque rencontre est consignée
Comme une bouteille dégustée
Un par page
Son goût son cépage
Dans ma mémoire mon livre d’hommes

Ils se conservent plus ou moins
Pourtant s’ils sont trop sur leur garde
Ils ne durent pas longtemps
Comme un vin qu’on a envie de reboire
Un homme que j’ai envie de croire
Devient mon premier cru
Capable de m’enivrer
Si je ferme les yeux en le goûtant
C’est signe de prince charmant

Dans mon livre d’hommes
Chaque rencontre est consignée
Comme une bouteille dégustée
Un par page
Son goût son cépage
Dans ma mémoire, mon livre d’hommes

Au fond de ma cave à hommes
Mon repère capharnaüm
Je les emmène les range et les retourne
Si je souffre ils perdent leur sucre
Et sur ma langue deviennent acides
Ceux-là je les vide et m’en retourne
Je m’abandonne à leurs extournes
Jusqu’à l’ivresse mais seuls les raffinés
Les élégants les bien élevés
Seront le velours de ma gorge
Le champagne que je dégorge

Chanson vitale



Tu m'affoles
dans la fumée folle
où tes bras s'effilent
alors je m'affale
perdu dans l’étole
disparate textile
et là tu m’étales
tes braises en rafales
buccales et tactiles
tes yeux ton pistil
tes courbes fractales
pour tes seins… intérêt capital
sous tes reins le canal
Panama tropical
Dans ton string de tulle
Je suis funambule
Je saisis tes ailes
Rouge libellule
D’une langue full zèle
Sur tes particules
Chaleur de fournil
Effluves (étuve de ?) menthol
Peau vanille langue spatule
Wagon d’amour tu capitules
J’emporte le pactole
Princesse étincelle
Je te dévore gelée royale

Bras invisible



Son parfum est un bras invisible
Qui vous attire qui me retient
Je voulais partir je reviens
Il me fait faire l’impossible

Sa voix est un bras invisible
Qui vous caresse et qui me risque
Je ferai tout pour écouter ce disque
Et m’endormir enfin paisible

Son cœur a un bras invisible
Une tentacule violacée
Qui déjoue mes alarmes pour m’enlacer
Son cœur forteresse invincible
Qui un beau jour m’a pris pour cible
Me lance ses baisers et me crible